Bull’ Géopo’ n° 29 : du 27 janvier au 09 février 2025

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Marco Rubio, 72e Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, visitant le Canal de Panama, le 02 février 2025. (MARK SCHIELFELBEIN/REUTERS)

Donald Trump ne désirait pas attendre pour mettre en place les expulsions de migrants illégaux, présents sur le sol américain. Le dimanche 26 janvier, une crispation diplomatique s’est faite ressentir entre les Etats-Unis et la Colombie. L’origine de cette tension résulte dans le refus, au départ, du pays d’Amérique du Sud de refuser les avions militaires transportant des immigrés expulsés par Washington. Le 47e Président des Etats-Unis n’a pas tardé à menacé Bogota de droit de douane de 25% – dont l’augmentation pouvait aller à 50% au bout d’une semaine – et de suspension de délivrance de visa à l’Ambassade américaine dans le pays. L’issue se résume dans l’acceptation, par le Président colombien Gustavo Petro, à accueillir les migrants renvoyés en Colombie. 

Dans cette continuité, l’Administration Trump a dû palier la saturation des centres de rétention pour migrants à travers le pays. Le 29 janvier, le locataire de la Maison-Blanche a soumis l’idée d’envoyer 30 000 criminels étrangers sur la base navale de Guantànamo. Malgré les questions logistiques pouvant se poser -envoyer autant de personnes sur une île isolée – un premier avion de 10 personnes s’était envolé du Texas en destination de Guantànamo, le 04 février.

Les droits de douanes, qui ont certainement été à l’origine du recul de Bogota sur la question migratoire, sont également aux centre des relations entres Washington et ces deux voisins : Ottawa et Mexico. Le 30 janvier, Donald Trump, mettant en avant les très grands déficits commerciaux, annonce la mise en place, le 1er février, de taxes de 25%, séparément pour le Canada et le Mexique. 

Le 47e Président des Etats-Unis a mis ses menaces à exécution le 1er février. La justification faite, sur le réseau Truth Social, insiste sur « la menace majeure que représentent les immigrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos citoyens, y compris le fentanyl ». Dès lors, une dichotomie est mise en place par l’Administration Trump, pour Ottawa. Une taxe de 10% sur les produits énergétiques canadiens, mais 25% pour des importations dont l’origine viendrait du Canada ou du Mexique. 

Dans la continuité de ces déclarations fracassantes, du mois écoulé, la question du Canal du Panama restait majeure. La cession de sa gestion, au pays d’Amérique centrale, était vu par Donald Trump comme une erreur, et il avançait un possible entrisme chinois dans les arcanes du Canal. A partir de là, le premier déplacement à l’étranger du nouveau secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, – et premier latino à occuper ce poste – s’est effectué au Panama. Le 02 février, sa visite reste beaucoup moins conflictuelle que la position du locataire de la Maison-Blanche. Element certainement probant lorsque l’on observe les conséquences de la chose. Le Panama a décidé de se retirer du projet « Nouvelles routes de la soie » chinoises, et d’accueillir des migrants expulsés des USA, notamment vénézuéliens, sur son sol. 

Les désidératas sur le canal sont donc atteints pour l’Administration Trump, malgré l’imbroglio sur les frais payés par les navires américains, transitant par le Canal. En effet, le 06 février, le Département d’Etat américain a annoncé que ses navires ne payeront plus de frais pour la traversé. Une information démentie par l’institution dans un communiqué. 

Le courroux du Président américain s’abat également sur les juridictions international. Par le biais d’un décret, en date du 06 février – période durant laquelle Benjamin Nétanyahou était à Washington D.C. -, Donald Trump a imposé des sanctions – financières et la délivrance de visas – aux personnes apportant leur aide aux investigations de la CPI sur les ressortissants américains ou des alliés de ces derniers. La concomitance de ce décret interpelle avec la présence du Premier ministre israélien, dans la capitale fédérale américaine. En effet, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, avec l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. Cette annonce avait l’objet de vives réactions, notamment de l’administration Biden. Les USA et Israël ne sont pas parties à la CPI.   

L’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) s’est également retrouvé dans le viseur de Donald Trump. D’abord visé par le milliardaire Elon Musk, à la tête du Département de l’Efficacité Gouvernementale, l’actuel locataire de la Maison-Blanche a indiqué sur Truth Social que les dépenses de l’USAID sont « SONT TOTALEMENT INEXPLICABLES… FERMEZ-LE ». En effet, selon l’Administration Trump, une « part importante du financement de l’USAID n’est pas alignée sur les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis« . 
Les employés se sont vu notifier qu’ils allaient être mis en congés à partir du vendredi 07 février
Le Secrétaire d’Etat Marco Rubio a été nommé au poste d’administrateur par intérim, le 03 février, de l’USAID, par le Président américain Donald Trump. 

Poursuite de l'offensive du M23 en République Démocratique du Congo.

Des miliciens du M23, à Goma - Est de la RDC-, le 31 janvier 2025. (AFP/TONY KARUMBA)

Dans la poursuite de l’offensive lancée par la milice armée du M23, la ville de Goma n’est plus sous le contrôle de l’armée de la République Démocratique du Congo (RDC). Le lundi 27 janvier, le M23 annonce avoir pris la ville de Goma. les combats entre la milice, soutenue par des forces rwandaises, et les forces congolaises ont occasionné 17 morts et 370 blessés

Des bombardements dans la ville ont touché des hôpitaux, tuant femmes et enfants. De plus, un grand nombre de violences sexuelles ont eu lieu. Durant l’évasion massive de la prison de Muzenze, à Goma, le 27 janvier, au moins 165 prisonnières ont été violées – où la plupart ont été tuées dans un incendie. 

Goma tombée, le M23 s’est élancé en direction de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. 

Dans ces conditions, le samedi 08 février, les huit Etats membres de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est et des 16 Etats de la Communauté de développement de l’Afrique australe se sont réunis pour fournir des directives techniques sur un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. L’objectif clairement définis étant de faire taire les armes dans l’est de la République Démocratique du Congo. 

Inculpation du Président sud-coréen.

Le Président sud-coréen, jusqu'à sa destitution le 14 décembre 2024, Yoon Suk-Yeol. ( South Korean Presidential Office / Getty Images)

Une première au pays du matin calme. Le Président Yoon Suk-Yeol – à l’origine du tentative de coup d’Etat en voulant mettre en place la loi martiale – s’est retrouvé inculpé par les procureurs chargés de l’enquête, le dimanche 26 janvier. Cette tentative, avortée, avait jeté un trouble au sein de la Corée du sud. 

En effet, cela fait suite à son arrestation, après une période où il était resté retranché dans sa résidence. Dans un délai de six mois, un procès doit avoir lieu. Yoon Suk-Yeol est sous le coup d’une possible peine capitale.  

Proclamation du Président intérimaire syrien.

Le Président intérimaire de la Syrie Ahmed Al-Charaa, anciennement Abou Mohammed Al-Joulani, dans le palais présidentiel, à Damas, le 28 décembre 2024. (AP Photo/Mosa'ab Elshamy)

Depuis le 08 décembre 2024, et le renversement du dictateur Bachar Al-Assad, les nouveaux dirigeants semblent vouloir tourner la page de l’ancien maitre de la Syrie. 

Mercredi 29 janvier, Ahmed al-Charaah a été nommé Président intérimaire de Syrie. De plus, une série de mesures ont été prise : dissolution de l’ancien Parlement, dissolution de tous les groupes armées, dont HTC, au sein du Ministère de la Défense et la disparition du parti Baas (au pouvoir depuis 60 ans). 

La principale volonté, du nouveau pouvoir de Damas, reste en la levée des sanctions internationales et l’entrée de capitaux pour la reconstruction du pays. 

KURASZYK Dimitri