Bull’ Géopo’ N° 27 : du 30 décembre 2024 au 12 janvier 2025

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Bourbon Street, à la Nouvelle-Orléans, théâtre de l'attentat du Nouvel An 2025. (Michael DeMocker /Getty Images/AFP)

Les Etats-Unis commencent l’année 2025 touchés par la menace terroriste. Pendant le réveillon du Jour de l’An, à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), un pick-up, lancé à grande vitesse, a tué 15 personnes. Dans le « Vieux-Carré », quartier français de la ville, l’ambiance festive a laissé place au cauchemar. Le suspect se dénomme Shamsund Din Bahar Jabbar. Originaire du Texas, et âgé de 42 ans, il a été abattu par la police durant des échanges de tirs. La piste du terrorisme islamisme est fortement privilégiée, à la suite de la découverte d’un drapeau du groupe Etat Islamique (EI) dans la voiture utilisée pour commettre l’attentat.

La première réaction du Président élu Donald Trump, sur son réseau Truth Social le 01 janvier 2025, relève le fait que les « criminels qui entrent dans notre pays sont bien pires que ceux qui s’y trouvent déjà » – malgré le fait que, comme susmentionné, le suspect était originaire du Texas. Pour le Président Joe Biden, il s’agit d’une attaque « ignoble » et s’est rendu sur les lieux de l’attentat, le 06 janvier 2025. A cette occasion, l’actuel résident de la Maison-Blanche loua la force de la ville, victime de l’attaque terroriste : « S’il est une chose que nous savons, c’est que la Nouvelle-Orléans définit la force et la résilience ». 
Selon les enquêteurs, du Federal Bureau of Investigation (FBI), l’ancien militaire de 42 ans serait un loup solitaire – après étude approfondie du téléphone du terroriste. 

Dès lors, aucun lien ne peut être effectué entre l’attentat de la Nouvelle-Orléans et l’explosion survenue à Las Vegas. Le 1er janvier 2025, un Tesla Cybertruck explose, de manière intentionnelle, devant le Trump International Hotel de Las Vegas. Cette explosion entraîne aucun mort, à l’exception de la personne à l’intérieur du véhicule. En effet, le conducteur, décédé par balle avant la détonation des explosifs, est Matthew Allan Livelsberger. Ce dernier serait un ancien membre des Bérets Verts américains (Special Forces) et originaire du Colorado. 
Elon Musk, principal soutien de Donald Trump durant la dernière élection présidentielle, a réagi en déclarant que le véhicule a « contenu l’explosion« . 

Néanmoins, la période de transition a poursuivi son cours. Le représentant républicain, Mike Johnson, a été réélu comme speaker de la Chambre des Représentants, le 03 janvier 2025. Malgré la majorité républicaine à la chambre basse, il ne s’agissait pas totalement d’une formalité. Le renversement de Kevin McCarthy, par l’aile la plus à droite du Grand Old Party l’année dernière, prouve que des dissensions peuvent toujours apparaitre si Johnson ne fait pas l’unanimité. 

Toutefois le 07 janvier, le Congrès présidé par la Vice-Présidente Kamala Harris, quatre ans après l’assaut du capitole, a certifié les résultats et la victoire de Donald Trump, à l’élection présidentielle de 2024. Les résultats entérinés, le 47e Président élu a réitéré, le même jour, ses revendications pour le Groenland, le Canada et le canal de Panama. La subtilité nouvelle reste que Donald Trump n’exclut pas de recourir à la force – puisqu’il s’agirait, selon lui, d’une nécessité pour la sécurité nationale américaine. 

Volodymyr Zelensky dans l'attente de plus d'aides occidentales.

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) et le 28e Secrétaire d'Etat à la Defense des Etats-Unis, Lloyd Austin, sur la base américaine de Ramstein, Allemagne, le 06 septembre 2024. ( Andreas Arnold/picture alliance/Getty Images)

Ultime réunion, dernière de la présidence Biden, du groupe de contact des soutiens de l’Ukraine, à Ramstein, le 09 janvier. Réuni sur la base aérienne américaine, le secrétaire d’Etat américain Lloyd Austin a annoncé le déblocage d’une aide militaire de 500 millions d’euros. Néanmoins, le spectre d’un désengagement américain, avec l’arrivé de Donald Trump à la Maison-Blanche, planait sur le sommet. C’est pourquoi le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé à ses alliés européens de s’investir de manière plus forte dans le conflit. A titre d’exemple : le déploiement de contingents partenaires sur le territoire ukrainien – déjà évoqué par Emmanuel Macron en début 2024 – ou bien une plus grande production de drones. 

Ces requêtes se placent après le fait que l’Ukraine s’est lancé dans une nouvelle offensive dans l’Oblast de Koursk. Cette région russe, sujette à une incursion de Kiev depuis le mois d’août 2024, a été le théâtre d’une nouvelle offensive ukrainienne. En effet, le 06 janvier 2025, les forces ukrainiennes auraient lancé une manœuvre avec deux chars, un véhicule de déminage et 12 véhicules blindés de combat avec des parachutistes, selon des sources russes. 

La région de Koursk fait l’objet de combats entre les forces ukrainiennes et russes, ces dernières soutenues par des renforts de soldats nord-coréens. Ces derniers, dont l’investissement reste nié par Moscou et Pyongyang, sont normalement exécutés si ils sont blessés. Mais, les forces spéciales ukrainiennes ont pu, le 09 janvier, capturer deux soldats provenant de la Corée du Nord. Ne parlant ni l’anglais, ni le russe, ni l’ukrainien, les interrogatoires menés l’ont été en coréen. En effet, sur le fondement de l’article 17 alinéa 6 de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre : « L’interrogatoire des prisonniers de guerre aura lieu dans une langue qu’ils comprennent ».  Grâce au concours d’interprètes sud-coréen, les deux militaires nord-coréens ont pu donner des éléments d’informations. Notamment le fait que la communication interne, de l’Armée Populaire de Corée, indiquait que les militaires allaient prendre part à des entraînements, et non à une guerre contre l’Ukraine

L’avenir des prisonniers nord-coréens n’est pas connu. Néanmoins, ils seront peut-être inclus dans de futurs échanges de prisonniers. A titre d’exemple, le 30 décembre, l’Ukraine et la Russie ont procédé à un échange de prisonniers. Le Président Zelensky a annoncé, sur X le 30 décembre 2024, que « 189 ukrainiens revenaient à la maison ». Le nombre de prisonniers russes libérés serait sensiblement égal.
Volodymyr Zelensky a lancé un appel, auprès des autorités nord-coréennes et russes le 12 janvier, pour déclarer que l’Ukraine libérera les deux prisonniers nord-coréens en échange de deux prisonniers ukrainiens. A ce stade, Moscou et Pyongyang sont restés silencieux.  

L'opposition vénézuélienne sous pression de Nicolas Maduro.

La cheffe de l'opposition Maria Corina Machado durant une manifestation contre Nicolas Maduro, en août 2024. (Sipa/AP/Ariana Cubillos)

Aucune amélioration en vue au Venezuela. Depuis l’élection présidentielle de 2024, et la victoire de Nicolas Maduro contestée par l’opposition et une partie de la communauté internationale, des manifestations avaient mené à la mort de plusieurs centaines de personnes, et l’arrestation de milliers d’autres. Le chef de l’Etat vénézuélien souhaite envoyer un message. Le Venezuela a promis, le 02 janvier, une récompense de 100 000 dollars pour toute personne qui capturerait M. Edmundo Gonzàlez Urrutia, alors en visite en Argentine pour rencontrer le Président Javier Milei. Ce dernier, adversaire de Maduro durant l’élection présidentielle de 2024, s’est exilé en Espagne par crainte de représailles par le régime

La tension est montée d’un cran, pour l’opposition, lorsque sa cheffe, Maria Corina Machado, a vécu un enlèvement. L’ancienne ingénieure industrielle sortait d’une manifestation à l’encontre de Nicolas Maduro le 09 janvier – veille de l’investiture officielle de ce dernier -, lorsqu’elle a été brièvement enlevé par les forces de sécurité. Vivant depuis de nombreux mois dans la clandestinité, il s’agissait, ici, de sa première apparition publique. Néanmoins, Madame Machado et Monsieur Gonzàlez Urrutia ont trouvé le soutien de Donald Trump. Le 47e Président des Etats-Unis a indiqué qu’aucun mal devrait être fait à ces deux personnes, considérées comme des « combattants de la liberté ». 

Le lendemain, de cet enlèvement, Nicolas Maduro a prêté serment pour un nouveau mandat de six ans – son troisième. Edmundo Gonzàlez Urrutia a dénoncé « un coup d’Etat » et que Nicolas Maduro s’était « auto-couronné dictateur« . 

Visite diplomatique franco-allemande en Syrie.

Le dirigeant de facto de la Syrie, Ahmed al-Charaa, entouré des ministres des Affaires étrangères allemand, Annalena Baerbock (à gauche), et français, Jean-Noël Barrot (à droite). (J'rg Blank/picture-alliance/dpa/AP Images)

Un peu plus d’un mois après la chute de Bachar al-Assad, la Syrie continue son entreprise de reconstruction. Le leader de facto du pays, Ahmed al-Charaa, ancien chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a reçu, le 03 janvier, les ministres français et allemand des Affaires étrangères – respectivement Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock. Il s’agit ici de la première visite officielle de ministres provenant de l’Union Européenne. 

Dans un communiqué, publié par le Ministère des Affaires étrangères français, la teneur des échanges portés entre les ministres, français et allemand, et les autorités de facto de la Syrie. Dans une volonté d’une « transition pacifique et exigeante », il a notamment été question que les femmes pourraient avoir voix au chapitre au sein d’un comité préparatoire. 
Sur le plan stratégique, l’accent, par la délégation européenne, a été mis sur l’importance de la « poursuite de la lutte contre Daech », tout en faisant cesser les combats au nord du pays, avec comme point d’orgue les garanties de sécurité pour les « partenaires kurdes des Forces démocratiques syriennes ». En réponse, les autorités de facto « se sont engagés à lutter contre le terrorisme ». La résurgence de Daech reste une source d’inquiétude pour les autorités occidentales. 

KURASZYK Dimitri