Bull’ Géopo’ n° 20 : du 23 septembre au 06 octobre 2024.

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Interception par le système "Dôme de fer", au nord d'Israël, de roquettes tirées par le Hezbollah, le 23 août 2024. (Jalaa Marey/AFP)

Après le coup de force de l’explosion des bipeurs, et talkie walkie, à travers le Liban, Israël a décidé de lancer des frappes sur ce dernier afin de combattre le Hezbollah. Pour la seule journée du lundi 23 septembre, au début de cette quinzaine, les frappes de l’Etat hébreu ont tué 558 personnes, blessées 1 800 autres et fait des milliers de déplacés. Pour le Premier ministre israélien,  Benjamin Nétanyahou, a déclaré que toutes les forces seront mobilisés pour éliminer la menace à la frontière nord de l’Etat hébreu pour « rétablir la sécurité et ramener nos citoyens sains et saufs dans leurs foyers« . 

Le 27 septembre, les frappes de Tsahal ont visé le quartier général du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth. Déjà, deux jours auparavant, un des chefs militaires du mouvement chiite, Ibrahim Kobeissi, a été éliminé dans un bombardement. Cette fois-ci, concernant le QG du Hezbollah, la principale cible a été Hassan Nasrallah. Ce dernier, secrétaire général du Hezbollah depuis le 16 février 1992, était la figure de proue du mouvement, et l’un des principaux alliés de l’Iran. Ses interventions étaient longuement scrutées, avant d’être éliminé par Israël.  

A la suite de cette frappe, qui tua presque 300 personnes, la réaction de Téhéran est particulièrement scrutée. Le Hezbollah étant la pierre angulaire de « l’axe de la résistance » instigué par l’Iran. Cette proximité se retrouve notamment avec la présence d’Abbas Nilforoushan, aux côtés de Hassan Nasrallah, parmi les victimes de la frappe du 27 septembre. Il était un haut gradé du corps des Gardiens de la Révolution islamique iranienne. 

La journée du 1er octobre marque un tournant. Tout d’abord, Israël entreprend une opération terrestre du Liban. Depuis le 23 septembre, Tsahal s’était contenté de bombardements.  Néanmoins, l’Etat hébreu s’introduit en territoire libanais, « de manière limitée« , afin de s’attaquer aux infrastructures du Hezbollah. Pour le ministre de la Défense américaine, Lloyd Austin, cela serait nécessaire pour éviter qu’un évènement, semblable au 07 octobre 2024, ne se reproduise dans le nord d’Israël

Toujours dans la journée du 01 octobre, la République islamique d’Iran lança des missiles en direction d’Israël, pour la seconde fois de l’année. 200 missiles ont été tiré. Une majorité furent intercepté par le dôme de fer, et l’allié américain. Le bilan étant d’un palestinien tué, en Cisjordanie, par des éclats de schrapnel

L’attention se porte dorénavant sur Israël pour savoir quelle riposte sera mise en œuvre à l’encontre de Téhéran. Des questionnements se posent sur les installations nucléaires, ou les infrastructures pétrolières, iraniennes comme potentielles cibles des missiles de Tsahal. Néanmoins, ces derniers continuent à bombarder le Liban dans l’objectif de décapiter le Hezbollah. A titre d’exemple, le gendre d’Hassan Nasrallah a été tué le 02 octobre, et les opérations israélienne se poursuivent

Cette quinzaine s’est achevée avec les déclarations du Président Emmanuel Macron sur l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. Pour le chef d’Etat  français « qu’aujourd’hui la priorité c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer des armes pour mener les combats sur Gaza, la France n’en livre pas. Notre priorité est aussi d’éviter l’escalade« . Ces propos ont provoqué l’ire du Premier ministre Benjamin Nétanyahou qui déclara que cette déclaration était une honte et que « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël ». La réponse particulièrement virulente du chef de gouvernement israélien obligea l’Elysée à publier un communiqué où il est indiqué que la France est l’amie indéfectible d’Israël. Tout en soulignant les propos excessifs de Benjamin Nétanyahou. 

Intense semaine diplomatique à l'ONU pour sa 79e Assemblée Générale.

Le Président américain Joe Biden proclamant son discours, à l'occasion de la 79e Assemblée Générale des Nations-Unies. (UN Photo/Loey Felipe)

Pour la dernière fois de sa carrière politique, le Président américain Joe Biden a prononcé un discours à l’Assemblée Générale des Nations-Unies. A cette occasion, il a retracé son parcours politique, vanté les bénéfices de la démocratie et aussi sa décision de se retirer de la course à la Maison-Blanche, cet été. « Certaines choses sont plus importantes que de rester au pouvoir » a-t-il déclaré. Sur les questions internationales, aucune proposition n’a été prononcé. 

De plus, le mercredi 25 septembre, la France et les Etats-Unis, accompagnés de l’UE, le Canada, le Japon, l’Italie, le Japon, l’Arabie saoudite, l’Allemagne, les Émirats arabes unis, l’Australie et le Qatar, ont proposé un cessez-le-feu temporaire de vingt et un jour au Liban pour des négociations entre Israël et le Hezbollah. Dans les faits, les conditions de cette proposition sont calquées sur la résolution 1701 du Conseil de l’ONU. Cette a fixé les paramètres du cessez-le-feu durant la guerre au Liban de 2006. Notamment, le retour du Hezbollah au niveau du fleuve Litanie.

Les Présidents Joe Biden et Emmanuel Macron ont publié un communiqué conjoint déclarant :

« Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers.

Les échanges de tirs qui ont eu lieu depuis le 7 octobre, et en particulier au cours des deux dernières semaines, menacent d’élargir le conflit et de porter atteinte aux civils.« 

Enfin, alors que Tsahal visait Hassan Nasrallah (voir surpra), le Premier ministre israélien proclama un discours, à La Tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Particulièrement offensif, il a tenu à rappeler qu’Israël mène un combat sur sept front. Il a cité le Hamas, le Hezbollah, les Houthis du Yémen, les milices chiites pro-iraniennes en Irak et en Syrie, et l’Iran qui a tiré des missiles directs, pour la première fois, en avril 2024. Une menace claire a été établie, à destination de Téhéran : « Si vous nous frappez, nous vous frapperons. Il n’y a pas de lieu – il n’y a pas de lieu en Iran – que le bras d’Israël ne soit en mesure d’atteindre. Et cela vaut pour tout l’ensemble du Moyen-Orient« . 

Sous les sifflets, et le boycott d’une partie des diplomates, Benjamin Nétanyahou demanda à ce que l’ONU et le Conseil de sécurité agisse car « nous devons tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’Iran n’obtienne jamais l’arme nucléaire« .

La mission communication de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis.

Le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, rencontrant l'ancien Président des Etats-Unis et actuel candidat à l'élection présidentielle américaine, Donald Trump, à la Trump Tower de New-York. (Alex Kent/GETTY IMAGES/AFP)

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky était en mission pour convaincre l’allié américain de la nécessité de croire en la victoire de son pays. 

En marge de la 79e Assemblée Générale des Nations-Unies (voir surpra), il rencontra de nombreux diplomates, de pays différents. Mais, après la visite d’une usine d’armement en Pennsylvanie et un détour à La Tribune de l’ONU, à New-York, c’est son étape à Washington qui était scruté. En effet, le jeudi 26 novembre, Volodymyr Zelensky a rencontré le Président Joe Biden, et la Vice-Présidente Kamala Harris (également candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine de novembre 2024). Cette entrevue, ainsi qu’avec celle des membres du Congrès le même jour, lui a permis de présenter son « Plan pour la victoire ». Composé en cinq étapes, quatre seraient relatives au conflit actuel, et la dernière pour l’Ukraine d’après-guerre. 

L’actuel Président des Etats-Unis a déclaré que la Russie ne gagnera pas. Même si le Président ukrainien espérait toujours une autorisation de frapper le territoire russe, avec les armes longues distances, il n’en est rien. Cependant, Joe Biden annonça une nouvelle enveloppe de huit milliards de dollars pour aider l’Ukraine

L’évènement, de cette visite aux Etats-Unis, était la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, le 45e locataire de la Maison-Blanche, et candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de novembre 2024. Ce dernier annonça vouloir résoudre le conflit s’il est élu avec un accord juste pour l’Ukraine et la Russie. L’attente autours de cet échange fut scruté car Donald Trump a commenté, de nombreuses fois, ses pensées vis-à-vis du conflit russo-ukrainien et de l’OTAN, depuis le 24 février 2022.

Victoire du candidat de gauche à l'élection présidentielle sri-lankaise.

Le Président, nouvellement élu, Anura Kamara Dissanayaka, en chemise au centre de l'image, durant une manifestation de protestation, à Colombo, en février 2023. (Eranga Jayawardena/AP)

En mauvaise condition économique, avec un plan d’aide signé auprès du Fond Monétaire Internationale (FMI), le Sri-Lanka connait un nouveau Président. Le dimanche 22 septembre, Anura Kumara Dissanayaka (AKD), ancien guérillero marxiste, remporte l’élection présidentielle avec 55,89% des voix au second tour (soit 5 740 179 de votants), contre 44,11% des voix pour son adversaire Sajith Premadasa (fils de l’ancien Président Ranasinghe Premadasa). 

A noter que le Président Ranil Wickramasingha, en fonction depuis le départ la fuite de Gotabaya Rajapaksa en 2022 (consécutive à la crise économique de 2021 ayant touché le pays), termina en troisième position et ne s’est pas qualifié pour le second tour. 

Les réactions internationales ont afflué. Le Président Macron félicita Anura Kumara Dissanayaka, de même que le Premier ministre indien Narendra Modi qui exprima également sa volonté de travailler avec le Président nouvellement élu pour renforcer leur coopération. Joe Biden souligna, notamment, le fait que les srilankais ont dans une élection « équitable, libre et pacifique » (chose bien différente de l’élection présidentielle au Venezuela précédemment en 2024, par exemple). Enfin, le coordinateur des Nations-Unies au Sri-Lanka, Marc-André Franche, déclara qu’il se réjouissait de pouvoir travailler à l’avènement d’une société plus pacifique et inclusive. 

Les premières annonces publiques, du nouveau Président AKD, augurent d’un nouveau virage quand à la politique internationale du Sri-Lanka. Tout d’abord, le nouveau dirigeant souhaite renégocier l’accord passé avec le FMI. Même si l’économie de l’Etat insulaire se porte mieux (retour de la croissance, inflation maitrisée, hausse des recettes fiscales), AKD souhaiterait pouvoir négocier, avec les créanciers, pour une restructuration de la dette. 

De plus, à peine investi, AKD a prononcé la dissolution du Parlement, le 24 septembre. Un peu plus d’un an avant la fin des mandats actuels de l’Assemblée représentative, le nouveau Président souhaite, comme le Président Bassirou Diomaye Faye au Sénégal, pouvoir compter sur une majorité de député pour mener à bien son programme.