De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.
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ToggleLa mort de Yahya Sinwar et les attaques contre la FINUL : la guerre d'Israël dans un tournant.

Israël commémorait le triste premier anniversaire de l’attaque du 07 octobre 2023, au lendemain d’une attaque du Hezbollah contre le territoire de l’Etat hébreu. Les villes de Haïfa et Tibériade ont été visé. La première représente une cible importante. Agglomération de près de 300 000 habitants, elle est dotée d’un port et une raffinerie et des infrastructures industrielles.
Les commémorations des attaques du 07 octobre se sont déroulés dans une ambiance tendue. Alors que le Premier ministre Benjamin Nétanyahou déclare que « nous ne sommes pas vaincus, nous continuerons de nous battre« , une cérémonie alternative s’est tenue à Tel-Aviv. Celle-ci regroupant des familles d’otages enlevés, et des victimes tombées, durant l’attaque terroriste. Le but possédant une portée mémorielle mais aussi à l’encontre des dirigeants israéliens. Ces derniers étant reconnus comme les principaux responsables des massacres du 07 octobre 2023, par une partie de la population israélienne. Mettant en avant les échecs du gouvernement, ces familles demandent une commission d’enquête. Requête refusée par l’actuel Premier ministre qui ne désire par lancée une procédure de ce type en parallèle de la guerre en cours.
La guerre continuant au Liban, après l’assassinat de Hassan Nasrallah, Tsahal continue ses bombardements au sud du pays du cèdre. La principale importance, dans ces actions, consiste que les Casques bleu de la Force intermédiaire des Nations-unies au Liban (FINUL) se trouvent sur site. Sa création, sur la base des résolutions 425 et 426 des Nations unies en 1978, reposait sur la nécessité d’assurer la sécurité au niveau de la frontière entre Israël et le Liban.
Du jeudi 10 octobre au samedi 12 octobre, des militaires de la FINUL, regroupant la participation de multiples États (dont l’Indonésie, le Népal, l’Inde ou la France), ont été pris pour cibles. Le 10 octobre, les forces armées israéliennes ont tiré sur la FINUL blessant deux soldats indonésiens. Le 11 octobre, deux soldats sri-lankais ont, également, été blessés.
Les réactions internationales furent lapidaires. Pendant que le Premier ministre israélien avancent que la FINUL sert de « bouclier humain » pour le Hezbollah, et demande à ce qu’elle recule de 5km; le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, déclare que ces tirs sont intolérables. Le Président des États-Unis, Joe Biden, avance qu’Israël doit arrêter ces frappes sur les militaires sous mandat de l’ONU. Le chef de l’État français Emmanuel Macron parle d’actions « tout à fait inacceptable » et annonce que la France « ne tolérera pas » de nouveaux tirs comme celui-ci.
Les joutes verbales, par déclarations interposées, se sont intensifiées entre la France et Israël. Le premier achoppement relatif à l’hypothèse d’un embargo des armes, lancé par Emmanuel Macron, en appelle un second. Cette fois-ci, selon des sources issues du Conseil des ministre français du 15 octobre, le huitième Président de la Ve République aurait déclaré que Benjamin Nétanyahou ne « doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU ». Cette intervention, faisant allusion à la résolution 181 du 29 novembre 1947 relatif au plan de partage de la Palestine, provoqua une réponse immédiate du chef de gouvernement d’Israël. Dans un communiqué, il met en avant « la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France« .
Ce combat rhétorique, entre l’aspect juridique et l’aspect historique, continue à enflammer les relations diplomatiques entre les deux pays.
Sur le plan militaire, aucune riposte n’est pour l’heure mise en oeuvre par Tel Aviv pour répondre aux 200 missiles tirés à son encontre. Néanmoins, le 16 octobre, Israël a éliminé la personne considérée comme le cerveau des attentats du 07 octobre : Yahya Sinwar. À la tête de la branche politique du Hamas, depuis l’assassinat de son prédécesseur, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet 2024. Pour le Président américain Joe Biden, cette annonce était un « bon jour pour Israël, pour les États-Unis et le monde« . Le Président français, Emmanuel Macron pense notamment « aux victimes« , dont 48 français, et à « leurs proches« . Tout en exigeant « la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas ». Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell considéra Yahya Sinwar comme un « obstacle à un cessez-le-feu urgent et à la libération inconditionnelle de tous les otages« . Il termina son communiqué en avançant que « il faut mettre fin à la violence, libérer les otages et mettre un terme aux souffrances des Palestiniens« .
Dorénavant, la question se pose pour Israël de savoir si il faut, ou non, continuer cette guerre. Cet évènement, malgré tout, pourrait avoir des conséquences importantes, ces prochaines semaines, sur le sort des otages encore retenus captifs.
Intenses manoeuvres militaires chinoises autours de Taiwan.

La situation entre Taïwan et la Chine n’est pas à l’apaisement. Depuis l’élection du Président Lai Ching-Te (ou William Lai), le 13 janvier 2024, la situation s’est tendu de manière exponentielle. Plus particulièrement après le discours, de ce dernier, pour la première fête nationale, du 10 octobre, où il exerce son mandat présidentielle. En commençant par les prémices de la République de Chine, et l’exode des troupes de Tchang Kaï-Chek « pleins d’idéaux et d’aspirations« , le Président a continué en parlant des périls pouvant toucher Taïwan : les maladies, suite directe de la pandémie de COVID-19, et les conditions météorologiques.
Cependant, Lai Ching-Te profita de cette fête nationale pour mettre en avant le succès économique et technologique de Taïwan : « Aujourd’hui, la technologie des puces de Taïwan est au service du monde entier et est devenue une force mondiale pour la prospérité et le développement« . Néanmoins, la déclaration de la mainmise, de Taipei, sur les semi-conducteurs, les plus perfectionnés au monde n’est pas la déclaration la plus hostile à Pékin.
Bien au contraire, même si le Président taïwanais a conclu, son discours, en déclarant que les « efforts pour maintenir le statu quo de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taiwan restent inchangés« , une phrase a pu provoquer la colère de l’autre côté du détroit, long de 180km. En effet, dans le discours du locataire du Palais présidentiel de Taipei, un léger éloignement dudit statu quo s’est fait sentir. William Lai avança que « La République de Chine et la République populaire de Chine ne sont pas subordonnées l’une à l’autre. Sur cette terre, la démocratie et la liberté se développent et prospèrent. La République populaire de Chine n’a pas le droit de représenter Taïwan« .
Dans ce contexte, la République Populaire de Chine lança une série de manœuvres militaires autours de Taïwan, le 14 octobre (soit 4 jours après le discours prononcé par William Lai). Nommé Joint-Sword-2024B, il s’agit d’une série d’exercices visant à simuler le blocus de l’île de Taïwan. Précédemment dans l’année 2024, Joint-Sword-2024A a eu lieu à l’occasion de l’intronisation de William Lai à la Présidence. Ces dernières composées de bâtiments de guerre (dont un porte-avion), vaisseaux des garde-côtes, d’avions de chasse, et de drones. Selon les autorités taiwanaises, un record d’avions de chasses a été enregistré. En effet, dans une fourchette temporelle de 25 heures, entre lundi et mardi, près de 153 avions furent enregistrés. L’armée Populaire de Libération a annoncé, dans une vidéo, être « prêt pour la bataille« .
Parmi ces appareils, 111 sont rentrés dans la Zone d’identification aérienne taïwanaise. Enfin, quatre bâtiments des garde-côtes chinois sont rentrés dans les eaux territoriales taïwanaises, au niveau des îles Matsu.
La République Populaire de Chine, par le biais du porte-parole du ministère de la Défense Wu Qian, avance que même si elle « aspire à une réunification pacifique« , elle ne promet pas « de renoncer à l’usage de la force » et de ne laisser « aucun espace à « l’indépendance de Taiwan« .
Taipei condamne le comportement de Pékin, décrivant les actions de l’Armée Populaire de Libération comme « irrationnelles et provocatrices« . De l’autre côté de l’océan Pacifique, Washington les considère « injustifiées«
Retour des activités de X au Brésil.

La fin d’un épisode judiciaire d’une durée d’un mois. Le 30 août 2024, le juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes a ordonné le blocage du réseau social X (ex-Twitter) sur le territoire brésilien. Les motivations reposaient sur une opposition, entre la justice brésilienne et X, concernant le blocage de certains comptes.
Elon Musk, propriétaire de X, décida de débloquer certains comptes, alors suspendus, au nom de la liberté d’expression. La justice brésilienne menaça d’arrêter les représentants, dans le pays, de X, pour ne pas se conformer aux décisions rendues. La firme de San Francisco décida, alors, qu’aucun représentant, pour le Brésil, ne serait dans le pays. Devant pareille situation, Alexandre de Moraes annonça le blocage total du réseau social, accompagné d’une lourde amende pour toute personne utilisant un VPN pour y accéder.
Le blocage de l’application est levé, le 08 octobre, après que X nomma une représentant au Brésil, s’engagea à respecter les directives sur les désactivations de comptes et régla une amende de 5,1 millions de dollars,
Réélection de Kaïs Saïed, en Tunisie, avec un score soviétique.

Sur fond d’accusations d’irrégularité, Kais Saïed, Président de la République tunisienne depuis le 23 octobre 2019, a été réélu dimanche 06 octobre. Obtenant un score de 90,7% des suffrages, pour un taux de participation historiquement bas de 28,8%.
Ses deux adversaires, Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans, et Zouhaier Maghzaoui, ancien membre du Parlement, obtiennent 9,32 % si l’on additionne les deux résultats. L’élection paraissait jouée d’avance puisque soit les candidats n’obtenaient pas le nombre suffisants de parrainages, soit ils étaient emprisonnés, soit l’autorité électorale les mettaient sur la touche. Ce qui explique la présence de seulement trois candidats sur la ligne de départ.
Ancien juriste spécialisé dans le droit constitutionnel, Kaïs Saïed est fréquemment accusé de dérive autoritaire.