Bull’ Géopo’ N° 19 : du 09 au 22 septembre 2024

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Des personnes rassemblées, à l'entrée du centre médical de l'Université américaine de Beyrouth, le 17 septembre 2024, à la suite des explosions de bipeurs, au Liban et en Syrie. (Anwar Amr/AFP via Getty Images)

Le mardi 17 septembre 2024, des bipeurs, appartenant aux membres du Hezbollah, ont explosé à travers tout le Liban. Ces explosions ont causé la morts de 12 personnes, et plus de 2 800 blessés. Alors que les hôpitaux du pays du Cèdre sont surchargés par l’arrivée massive d’autant de blessés; une nouvelle série d’explosions s’est déroulée le lendemain. En effet, le 18 septembre 2024, il est question de talkie-walkie ayant explosé (ainsi que des téléphones portables notamment). Le bilan de cette seconde série monte à 20 morts et 450 blessés

Ces deux jours provoquent la surprise au sein du groupe paramilitaire chiite. Les bipeurs, nouvellement acquis, sont suspectés d’avoir été piégé durant le transit en direction du Liban. Dans les faits, il s’agit du modèle AP-924 de Gold Apollo, une entreprise taïwanaise. Néanmoins, selon cette dernière, les bipeurs en cause ont été fabriqué en Hongrie, sous licence par la société BAC Consulting

Cette opération, attribué à Israël sans revendication de ce dernier, entraîne le Liban dans le chaos. Si l’Etat hébreu est à l’origine de cela, l’effet recherché peut être double. D’abord, porter un coup important au Hezbollah en essayant, au maximum de tuer, au minimum de blesser un nombre conséquent de ses membres, et d’entrainer une déstabilisation du groupe para-militaire. Ensuite, l’arrivée des cibles de ces explosions, à l’hôpital, peut permettre à Israël de pouvoir les identifier. 

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah reconnait, le jeudi 19 septembre 2024, que son mouvement a reçu un « coup sévère et sans précédent » et accuse Israël d’avoir franchi « toutes les lignes rouges ». De plus, il promet qu’Israël subira un « terrible châtiment ». Les Etats-Unis, par le biais du porte-parole de Département d’Etat Matthew Miller, déclare ne pas être impliqué dans ces attaques, niant avoir été prévenu à un quelconque moment. Le Président français, Emmanuel Macron, adresse au peuple libanais un message en déclarant que la guerre n’est pas inévitable et qu’une voie diplomatique existe. 

Ces évènements se sont produits après que le Canada a annoncé la suspension d’une trentaine de permis d’exportation d’armes à Israël, le 10 septembre. En effet, la Ministre des Affaires étrangères canadienne, Mélanie Joly, ne souhaite pas que des armes, ou des composants d’armes, canadiennes ne soit utilisées à Gaza. Cela inclut, également, une filiale canadienne de l’entreprise américaine General Dynamics. Les relations israélo-canadiennes permettaient à Ottawa d’exporter pour 21 millions de dollars canadiens d’armes et de matériels militaires. Le Canada se situe dans le sillage du Royaume-Unis qui, le 02 septembre, ont annoncé qu’ils suspendaient 30 des 350 licences d’exportations d’armes à l’Etat hébreu, avec effet immédiat. Car Londres redoutaient que ce matériel militaire puisse être utilisé pour commettre des violations du droit international à Gaza. 

Discussions, entre alliés, sur l'autorisation des missiles longues portées pour l'Ukraine.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, à droite, et le ministre des Affaires étrangères, David Lammy, durant une réunion de dialogue stratégique au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement (FCDO) à Londres, le 10 septembre 2024. (Crédit : Mark Schiefelbein/AP)

L’opération, en territoire russe, lancée durant le mois d’août 2024, par l’Ukraine, s’est arrêtée. En effet, selon le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, les troupes ukrainiennes n’avancent plus, et sont sur la défensive. Néanmoins, les informations, sur le front du Donbass, permettent de dire qu’il en est de même pour les troupes russes sur ce front-ci. 

L’une des plus grandes déceptions, pour le Président ukrainien, concerne la non-autorisation, par les alliés américains et britanniques, d’autoriser Kiev à frapper le territoire, à l’aide des armes longues portées Storm Shadows britanniques et ATACMS américains. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, a aussitôt menacé les pays de l’OTAN d’une guerre, si jamais cette autorisation devenait pleine et entière. Ce fut l’annonce la plus scrutée, à l’occasion de la visite le 11 septembre, en Ukraine, du Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken et de son homologue anglais David Lammy. En dépit de cela, les deux hommes d’états ont déclaré que Kiev allait percevoir une enveloppe d’aides financières à hauteur de 1,35 milliards de d’euros

Débat animé et nouvelle tentative d'assassinat à l'encontre de Donald Trump.

Le débat télévisé, entre Kamala Harris et Donald Trump, retransmis sur un écran, à Philadelphie, le 10 septembre 2024. (Evelyn Hockstein / REUTERS)

Les deux candidats, à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump et Kamala Harris se sont affrontés à l’occasion d’un débat télévisé. Le mardi 10 septembre, sur CNN, chacun ont essayé de défendre leurs positions sur divers sujets. Par exemple, Donald Trump accuse l’actuelle Vice-Présidente pour l’état de l’inflation, ces dernières années. Kamala Harris accusant, en contrepartie, le 45e Président des Etats-Unis de penser que ce sont aux classes moyennes de payer pour les milliardaires (tout en revendiquant son origine sociale modeste). 

Après une intervention, de Donald Trump, sur le fait que les migrants haïtiens mangent des chiens et des chats, les deux candidats ont pu notamment échanger sur la politique étrangère des Etats-Unis. Donald Trump annonçant que, si il avait été à la Maison-Blanche, la guerre entre Israël et le Hamas n’aurait jamais commencé. De plus, Vladimir Poutine n’aurait jamais envahi l’Ukraine. Selon lui, si Kamala Harris arrive à la Présidence, Israël n’existera plus et toute la région va exploser. La candidate démocrate lui rétorquant que le locataire du Kremlin « le mangerait pour le déjeuner ». Elle en profita pour tancer son adversaire en lui reprochant ses accointances avec Vladimir Poutine, Kim Jong-Un ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban. Kamala Harris annonçant : « Donald Trump veut être un dictateur (…) On sait que des dictateurs vous soutiennent, ils savent qu’ils peuvent vous manipuler ».

De plus, le dimanche 15 septembre, Donald Trump a été la victime d’une nouvelle tentative d’assassinat. Après la tentative du mois de juillet 2024, pendant un meeting politique, les faits se sont déroulés, cette fois-ci, alors que l’ancien locataire de la Maison-Blanche jouait au golf. Un américain de 58 ans, artisan indépendant dans le bâtiment à Haïwai a été arrêté. Critique à l’égard de Donald Trump, et pro-ukrainien (un voyage fut effectué jusqu’en Ukraine), il a notamment voté démocrate durant la primaire démocrate, en Caroline du Nord. Le couple exécutif, le Président Joe Biden et sa Vice-Présidente Kamala Harris, se sont dit soulagé de savoir l’ancien Président sain et sauf. Ce dernier avançant, sur Fox News, que « leur rhétorique fait que l’on me dire dessus ». 

Décès d'Alberto Fujimori.

L'ancien Président du Pérou, Alberto Fujimori, à Lima le 8 janvier 2015, pour la lecture du verdict relatif à des accusations de détournements de fonds publics et d'utilisation de ces fonds pour manipuler les médias. (Ernesto Benavides/AFP/Getty Images)

Président de la République péruvienne pendant une décennie, de 1990 à 2000, Alberto Fujimori est décédé le 11 septembre 2024, des conséquences d’un cancer. Ses enfants, Keiko, Hiro, Sachi et Kenji Fujimori, ont publié un communiqué, sur le réseau social X : « Après une longue bataille contre le cancer, notre père, Alberto Fujimori, vient de partir à la rencontre du Seigneur. Nous demandons à ceux qui l’ont aimé de nous accompagner par une prière pour le repos éternel de son âme. Merci pour tout, papa ! « .

Né à Lima en 1938, au Pérou, de parents japonais venant de Kumamoto, Alberto Fujimori gagna la présidentielle de 1990 face au prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa. Lutte contre l’hyperinflation, vague de privatisation pour le pays, Alberto Fujimori est surtout connu pour avoir été condamné, par la justice péruvienne, à une peine de 25 ans de prison, le 03 janvier 2010. Accusé de crime contre l’humanité, les faits reprochés se sont produits sous sa présidence. En effet, son exercice du pouvoir a pris un tournant autoritaire. Au départ, souhaitant mettre fin à l’organisation terroriste d’extrême-gauche Sentier Lumineux, son régime commis de nombreuses exactions. Parmi lesquelles la corruption, la stérilisation forcée, ou bien des exécutions sommaires, dont le fait d’avoir commandité des assassinats au groupe Colina. Ces derniers étant les auteurs, entre autres, du massacre de Barios Altos qui est à l’origine de l’extradition d’Alberto Fujimori du Chili au Pérou. 

Dissolution de l'Assemblée nationale au Sénégal.

Le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, après avoir prêté serment, le 2 avril 2024, dans un centre d'exposition de la ville de Diamnadio, près de Dakar. (AFP/John WESSELS)

Après sa victoire à l’élection présidentielle de mars 2024, le Président Bassirou Diomaye Faye ne possédait pas les coudées franches législatives pour pouvoir mener son programme à bien. Les députés membres de son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), n’étaient que 23 sur 165 (quasiment le double si on compte les alliés de la coalition)

Dans un hémicycle encore loyal à l’ancien Président Macky Sall, l’actuel chef de l’Etat sénégalais a souhaité dissoudre l’Assemblée national le 12 septembre pour convoquer des législatives anticipées prévues le 17 novembre. L’optique principal étant d’éviter tout blocage systématique, comme il a pu y avoir lieu durant ces derniers mois : boycott du débat d’orientation budgétaire entrainant son annulation, rejet de la suppression de deux Conseils consommant beaucoup de budget. De plus, le gouvernement de l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, n’est plus sous la menace d’une motion de censure.