De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.
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ToggleDécès du Président américain Jimmy Carter.

Le premier Président centenaire, des Etats-Unis, s’est éteint dans sa résidence de Plains, le 29 décembre 2024 – à l’âge de cent ans.
James Earl Carter Jr, surnommé Jimmy, est devenu le 39e Président des Etats-Unis en 1977, et l’est resté jusqu’au terme de son mandat en 1981 – où il est battu à l’élection par Ronald Reagan. Fils d’un agriculteur, il a servi dans l’US Navy, avant de reprendre la ferme familiale. D’abord élu au Sénat de Géorgie, puis au poste de Gouverneur, du même Etat, il accède par la suite à la Maison-Blanche.
Durant son unique mandat, il a permis à l’Etat du Panama de prendre contrôle du canal, stratégique, qui le traverse. De plus, la pierre angulaire de son action diplomatique se trouve dans l’aboutissement des Accord de Camp David. Du nom du lieu de villégiature des Présidents américains – officiellement nommé « Naval Support Facility Thurmont », il a pris l’appellation « Camp David » grâce au Président Eisenhower qui voulait rendre hommage à son père et son fils. L’Accord de Camp David, signé le 17 septembre 1978, ont permis d’établir une relation de paix entre l’Egypte et Israël. Cette conclusion, entre le Président égyptien Anouar El-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, est devenue possible sous la médiation intense de Jimmy Carter.
Néanmoins, malgré cette victoire, la deuxième moitié de sa présidence est marquée par l’affaire des otages de l’ambassade américaine de Téhéran. Du 04 novembre 1979 au 20 janvier 1981, 52 personnes sont retenus en otages, au sein de l’emprise américaine. Il s’agit ici de la résultante de la révolution iranienne de 1979, et la prise de pouvoir de l’Ayotallah Khomenei, ainsi que l’exil du dernier shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, aux Etats-Unis.
Toutefois, le 39e Président est resté extrêmement actif après son mandat. Il reçoit, notamment, le Prix Nobel de la paix en 2002.
Volonté de normalisation, du chef de HTC, en Syrie.

Une nouvelle voie diplomatique semble s’ouvrir pour la Syrie, avec la Turquie comme figure de proue. Considérée comme l’un des principaux soutiens du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham, le ministre des Affaires étrangères turc – dans une interview à Al-Jazeera le 18 décembre -, Hassan Fidan a déclaré que HTC n’était plus terroriste. Pour monsieur Fidan, « il est temps que la communauté internationale, à commencer par l’ONU (…), retire leur nom de la liste du terrorisme« . L’implication turque, en Syrie, se fait de plus en plus prégnant. En effet, la Turquie a envoyé, depuis le 28 décembre, une délégation du ministère turc de l’Energie. L’objectif étant de rétablir les services énergétiques pour les autorités syriennes… sans être avoir des vues totalement désintéressées pour Ankara.
Une étape diplomatique importante, mais pas isolée. En effet, le gouvernement de transition syrien, dirigé par le Premier ministre Mohammed al-Bachir, a rencontré des diplomates américains, le 20 décembre 2024. Cela dans la lignée d’autres Etats, dont la France avec le déplacement d’une équipe de diplomates, le 17 décembre, à Damas. Il s’agissait d’une première, depuis douze années, pour le Quai d’Orsay.
Cette ouverture diplomatique démontre la volonté de Ahmed al-Charaa, véritable nom de Abou Mohammed al-Joulani, de normaliser ses relations avec la communauté internationale, malgré le maintien de lui, et son groupe, sur la liste internationale du terrorisme. Sur le plan intérieur également. Le leader de HTC a annoncé, dimanche 29 décembre, qu’une Constitution sera écrite dans les trois ans, tout en rajoutant une année supplémentaire pour l’établissement d’élections – la principale difficulté pour les autorités étant de recenser l’intégralité de la population syrienne.
Toutefois, malgré ces efforts pour renforcer l’institutionnalisation du pays – nomination du ministre de la défense etc.. – des combats peuvent continuer à survenir de manières sporadiques. Alors que al-Charaa a indiqué, le 24 décembre, que les groupes rebelles seront dissous pour être intégrés dans l’armée syrienne – ce qui pourrait éviter toute guerre de faction – les affrontements perdurent avec des forces toujours loyales à Bachar al-Assad, récemment déchus. En effet, à l’occasion d’une tentative d’arrestation d’anciens cadres du régime du dictateur, 14 membres du ministère de l’Intérieur ont été tué, le 25 décembre.
La Russie au centre de deux évènements majeurs.

Deux évènements liés à la Russie. Le premier, dont Moscou est fortement suspecté, concerne la rupture d’un câble électrique. Reliant l’Estonie à la Finlande, par la mer Baltique, celui-ci est tombé en panne à la mi-journée du 25 décembre. Les suspicions principales se portaient sur le pétrolier Eagle-S. Battant pavillon des Îles Cook, il était parti du port de Saint-Pertersbourg. Son arraisonnement a été effectué par les autorités finlandaises. Sa position, dans les eaux territoriales d’Helsinki, permet aux enquêteurs de mener les investigations qu’ils jugeront nécessaires.
L’implication russe est, par contre, reconnue par Vladimir Poutine lui-même dans le cadre d’un accident aérien. Le même jour que la rupture du câble électrique, un avion appartenant à Azerbaïdjan Airlines, reliant Bakou à Grozny en Tchétchénie, s’est écrasé au Kazakhstan. L’Embraer 190 a été la cible de d’un tir de missile russe. Par le biais d’une communication, le 28 décembre, avec le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev, Vladimir Poutine a reconnu que les systèmes de défense russes étaient en activité, le jour du crash, pour repousser des attaques de drones ukrainiennes. Reconnaissant, par ailleurs, que l’avion était dans l’espace aérien russe, l’hôte du Kremlin a présenté ses condoléances aux familles des 38 victimes.
Ces deux affaires mettent la Russie au premier plan démontrant qu’elle possède des actions de déstabilisations à l’extérieur du conflit sur le sol ukrainien – le crash de l’Embraer étant de nature, a priori, accidentelle. Néanmoins, le Président slovaque Robert Fico a permis, à Vladimir Poutine, de retrouver une légère place au sein des relations régionales, le 22 décembre 2024. Le chef d’Etat slovaque a été reçu, comme son homologue hongrois Viktor Orban précédemment, au Kremlin par son homologue russe où il était question de l’approvisionnement énergétique de l’Europe centrale – avec le gaz russe. L’incertitude grandissait, dans cette région de l’Union européenne, depuis que le contrat de transit du gaz russe, par l’Ukraine, doit s’arrêter au 1er janvier 2025.
Le Président russe connait un soutient marqué avec la personne de Robert Fico. Le Premier ministre slovaque, tout en reconnaissant que la Russie a violé le droit international en envahissant, a déclaré, le 18 décembre, que l’Ukraine ne rentrera pas dans l’OTAN – et il s’y opposera tant qu’il restera à son poste.
Bombardements, américains et israéliens, au Yémen.

Le Yemen, théâtre d’une guerre civile depuis 2014 entre la République du Yémen et les Houthis, vient de voir de nouveaux acteurs toucher son territoire. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont mené des frappes à l’encontre d’Israël, tout en déstabilisant le commerce internationale en mer Rouge, dans le cadre de leur participation à l’Axe de la Résistance. Ce dernier, instigué par Téhéran, regroupe des milices d’obédiences chiite – dont les Houthis et le Hezbollah libanais – et sunnite – le Hamas palestinien. C’est en soutien du groupe à l’origine des attentats du 07 octobre, que les Houthis ont décidé de mener des attaques sur sa zone régionale, et contre Israël.
Toutefois, le 21 décembre, l’armée américaine a annoncé avoir mené des frappes au Yémen, à l’encontre de cibles Houthis. L’United States Central Command – responsable de la zone au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Asie du Sud – justifie ces frappes pour l’objectif de « perturber et dégrader les opérations des Houthis, telles que les attaques contre les navires de guerre et les navires marchands de la marine américaine dans le sud de la mer Rouge, à Bab al-Mandeb et dans le golfe d’Aden ».
Tsahal a emboité le pas aux forces armées de Washingtons. Le 26 décembre, les avions israéliens ont bombardés massivement la capitale Sanaa. Les destructions concernent notamment l’Aéroport internationale de la capitale yéménite. D’autant plus que le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, était présent sur le site. Dans un communiqué, publié sur X le 26 décembre, il déclare que son avion a été touché occasionnant des blessures pour un membre de l’équipe – avec la mort de deux personnes à l’aéroport.
La France, par le biais du Quai d’Orsay du 27 décembre, indique condamné les attaques des Houthis, contre Israël, et que ces dernières, touchant des navires commerciaux en mer Rouge, sont » inacceptables, déstabilisatrices et doivent cesser immédiatement ».
Donald Trump, 47e Président des Etats-Unis, menace le Panama, le Canada et le Groenland.

Avant son investiture du 20 janvier 2025, le 47e Président élu est déjà actif sur le plan international. A titre d’exemple, la nomination de Keith Kellogg comme envoyé spécial pour la Guerre en Ukraine, ainsi que la rencontre trilatérale, entre Donald Trump, le Président français Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, chef d’Etat ukrainien – en marge de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame.
Terrain de jeu favoris du prochain locataire de la Maison-Blanche, les réseaux sociaux lui permettent de communiquer intensément. En premier lieu, le 18 décembre sur son réseau Truth Social. Avant son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, l’homme d’affaire américain a vilipendé le Canada en annonçant qu’Ottawa serait subventionné à hauteur de 100 millions de dollars par an. Au sein du même message, Donald Trump avance le fait que de nombreux canadiens souhaiteraient que le Canada devienne le 51e Etats de la fédération américaine. Cela serait, selon ses dires, une « excellente idée ». Il s’agit d’une continuité alors que le Président Trump s’est déjà référé à Justin Trudeau, Premier ministre canadien, comme à un « gouverneur« .
Dans sa frénésie internationale, Donald Trump accusa le Panama de faire payer des montants inappropriés pour traverser le canal. Ce dernier, construit de 1882 à 1914, long de 80 km est crucial pour éviter que les navires ne fassent un détour immense par le cap Horn. Sur son réseau social, le Président élu fustige le traitement qui serait réservé à la Marine et aux navires américains. Avec, notamment le fait que le Panama fasse payer des droits de passage « ridicules« . A cela s’ajoute la présence chinoise dans la zone. Donald Trump déclare que « C’était seulement au Panama de le gérer ( sous-entendu le canal), pas à la Chine ou à qui que ce soit d’autre« . Il a réitéré cette affirmation, dans son message de Noël : « Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats chinois qui exploitent avec amour, mais illégalement, le Canal de Panama« .
Par le biais d’un communiqué du 22 décembre 2024, le Président panéméen José Raùl Mulino avance que « chaque mètre carré ducanal de Panama et de sa zone adjacente appartient au PANAMA et continuera à lui appartenir ». Dans le même communiqué, il déclare que « le canal n’est soumis à aucun contrôle, direct ou indirect, ni de la Chine, ni de la Communauté européenne, ni des États-Unis ou de toute autre puissance ». Enfin, le Président Mulino dispose que « (le Canal) restera entre les mains des Panaméens en tant que patrimoine inaliénable de notre nation ».
Enfin, troisième cible de Donald Trump au sein de cette quinzaine, le Groenland. Ce territoire autonome, faisant parti du Royaume du Danemark, est spécifiquement visé par le 47e Président élu des Etats-Unis. A l’occasion d’un communiqué, sur Truth Social le 22 décembre – pour annoncer la nomination de Ken Howery, co-fondateur de Paypal, comme Ambassadeur des Etats-Unis auprès du Royaume du Danemark – Donald Trump annonce que : « Pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde, les États-Unis d’Amérique estiment qu’il est absolument nécessaire de posséder et de contrôler le Groenland ».
La réponse du Premier ministre groenlandais ne s’est pas faite attendre. Le 23 décembre, Mute Egede déclare que : « Le Groenland est à nous. Nous ne sommes pas à vendre et ne le serons jamais. Nous ne devons pas perdre notre long combat pour la liberté ».
KURASZYK Dimitri