Bull’ Géopo’ n° 24 : du 18 novembre au 1er décembre 2024

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Interception par le système "Dôme de fer", au nord d'Israël, de roquettes tirées par le Hezbollah, le 23 août 2024. (Jalaa Marey/AFP)

Après plus d’une année d’affrontement, depuis le 08 octobre 2024, une trêve est signée par Israël, concernant le Liban. Ce pays, en proie à d’intenses combats depuis l’explosion des bipeurs et l’attaque terrestre israélienne, connait désormais une période de calme, à partir de quatre heure du matin, le 27 novembre. 

Le cessez-le-feu, conclu entre l’Etat d’Israël et le Hezbollah, est issu d’intenses négociations menées par les Etats-Unis et la France. Les termes imposent, pendant les 60 prochains jours, au Hezbollah de remonter au nord du fleuve Litani, à l’armée israélienne d’évacuer le sud Liban, pendant que l’arme libanaise viendra occuper le-dit espace. 

Une victoire diplomatique, pour le président Biden, qui peut augurer à un début de désescalade dans la région. Toutefois, les objectifs du Premier ministre israélien serait de pouvoir se concentrer, maintenant, sur deux autres fronts : Gaza, où des otages israéliens sont toujours retenus captifs, et l’Iran. 

Infléchissement de Zelensky pour un cessez-le-feu.

Le Président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, s'adressant à la 78e Assemblée Générale des Nations Unies, au siège de l'ONU à New-York, le 19 septembre 2023 (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Une première, le 29 novembre. La guerre russo-ukrainienne, débutée il y a de cela plus de 1 000 jours, vient de voir le Président ukrainien annoncé un changement majeur de l’évolution du conflit. Dans une interview, diffusée à la télévision britannique, il admet qu’une possibilité de cessez-le-feu pourrait être possible. 

Volodymyr Zelensky évoque le possible placement du territoire de l’Ukraine, controlé par Kiev, sous l’égide de l’OTAN. Concernant l’autre partie, sous contrôle russe, l’Ukraine pourra la récupérer par des voies diplomatiques. Il s’agit ici d’un revirement majeur, alors que le chef d’Etat ukrainien resta longtemps inflexible sur toute trêve n’incluant pas la récupération immédiate des territoires non-contrôlés pleinement par Kiev. 

Pour expliquer cela, plusieurs facteurs peuvent rentrer en considération. La première reste la situation extrêmement tendue sur le front. Malgré l’autorisation des Etats-Unis de frapper le territoire russe, et la livraison de mines antipersonnels, les forces ukrainiennes subissent une usure extrême. Le manque de rotation impacte les troupes, lié au nombre importants de pertes, la non volonté, de la part de l’exécutif, d’imposer une circonscription plus large (avec abaissement de l’âge minimal). La deuxième, avec les intenses bombardements menés par les forces russes sur les infrastructures énergétiques. De plus, Moscou peut compter sur l’appui de troupes provenant de Corée du Nord.

Enfin, le Président Zelensky souhaiterait, certainement, avancer dans les négociations avant que Donald Trump, élu 47e Président des Etats-Unis, ne prenne officiellement ses fonctions, en 2025. Alors que Washington est dans une phase de transition, Donald Trump a nommé un émissaire pour la paix. En effet, le général Keith Kellogg, retraité de l’armée américaine, est nommé envoyé spécial pour la guerre entre la Russie et l’Ukraine

De plus, le Président ukrainien ne peut passer outre l’utilisation d’un vecteur particulier, de la part de Moscou. Le 21 novembre 2024, la Russie utilisa un missile balistique à portée intermédiaire nommé « Orechnik ». La ville de Dnipro fut la cible de ce missile. Ce dernier, à charges multiples, peut porter des ogives nucléaires ou conventionnelles. Dès lors, au-delà des dégâts occasionnés par cette frappe, il s’agit surtout de la portée symbolique pouvant s’y afférer. Vladimir Poutine, dans une intervention télévisée du même jour, déclara que le conflit prenait un « caractère mondial » – avec, en ligne de mire, l’autorisation, par les Etats-Unis, de l’utilisation des missiles longues portées sur le territoire russe. 

Crise diplomatique franco-haïtienne.

Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Leslie Voltaire, à gauche, et Alix Didier Fils-Aimé, à droite, comme nouveau Premier ministre d'Haïti, à la Villa d'Accueil à Port-au-Prince, le lundi 11 novembre 2024. (Arnold Junior Pierre/THE HAITIAN)

Le changement de Premier ministre, durant le mois de novembre 2024, reste l’un des éléments de la situation troublée d’Haïti. 

Un fait, par ailleurs, commenté à l’international. Notamment par le Président français. Emmanuel Macron, en marge du G20 à Rio de Janeiro, considère que les dirigeants haïtiens sont « complétement cons« , en réponse au questionnement d’un haïtien. Fervent défenseur de Gary Conille, débauché le, Emmanuel Macron insiste sur la responsabilité des dirigeants d’Haïti d’avoir laissé le narcotrafic prospérer. 

Antoine Michon, Ambassadeur de France en Haïti, a été convoqué par Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, le Ministre des Affaires étrangères de l’Etat caribéen

COP 29 en demie-teinte.

Les dirigeants présents à la COP 29, à Bakou en Azerbaïdjan, le 12 novembre 2024 (VUGAR AMRULLAYEV)

La COP 29, commencée le lundi 11 novembre 2024, s’est achevée le 22 novembre. La Conférence de Bakou de 2024 sur les changements climatiques se tenait en Azerbaïdjan, cette année. 

Dans un premier temps, les absences d’Emmanuel Macron, de la Ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, ou tout autre membre de l’exécutif français. La principale raison trouve une explication dans l’ingérence azerbaïdjanaise durant les troubles à l’ordre public en Nouvelle-Calédonie et en Martinique, en 2024

En conclusion de cette conférence, et après de longues tractations, l’accord prévoit un triplement du financement aux pays en développement (300 milliards, de dollars, par an d’ici à 2035). A cela s’ajoute une volonté de trouver une augmentation de ces financements, à hauteur de 1 300 milliards, grâce des sources privées et publiques. 

Simon Still, secrétaire exécutif d’ONU climat, annonce, en clôture de la COP de Bakou, que beaucoup de travail reste à accomplir :  « Les nombreux autres enjeux sur lesquels nous devons progresser ne font peut-être pas la une des journaux, mais ils sont vitaux pour des milliards de personnes. Ce n’est donc pas le moment de crier victoire, nous devons nous concentrer et redoubler d’efforts sur la route vers Belém ». 

Percée des rebelles islamistes en Syrie.

Des rebelles islamistes tenant un drapeau de l'opposition, à Bachar Al-Assad, à l'entrée de la citadelle d'Alep, le 30 novembre 2024. (Muhammad HAJ KADOUR/AFP)

Une percée inattendue. Alors que la région était relativement apaisée, après les difficiles années de guerre contre l’Etat islamique – mobilisant une coalition internationale, ainsi que les soutiens du Hezbollah et russes pour soutenir Bachar Al-Assad. 

Néanmoins, alors qu’un statu quo, relatif, s’était mis en place depuis plusieurs années, la situation changea à partir du mercredi 27 novembre. Les rebelles islamistes, notamment du groupe Hayat Tahrir al-sham (HTS), se sont attaqués aux positions tenus par les forces armées syriennes. Le 30 novembre, HTS contrôlait la majeur partie d’Alep, faisant reculer les troupes de Bachar Al-Assad. 

KURASZYK Dimitri