De manière bimensuelle, le dimanche, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.
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ToggleUn raid sur Damas et une possibilité de hausse des tensions régionales au Moyen-Orient.

Le 1er avril 2024, Israël frappa la section consulaire de l’ambassade iranienne à Damas de six missiles. Le bilan est de onze morts, dont sept gardiens de la Révolution d’Iran. Parmi les membres de la force Al-Qods, la branche d’élite des gardiens opérants à l’extérieur des frontières iraniennes, tués se trouvaient le général de brigade Mohammad Reza Zahedi. Ce dernier était le commandant cette force pour la Syrie, le Liban et la Palestine.
Cet évènement marque un tournant depuis le début de la guerre de Gaza, consécutive à l’attaque du Hamas le 07 octobre 2023. Cette frappe imputée à Israël, contre un haut-représentant militaire iranien, peut avoir des conséquences régionales importantes.
Le jeudi 4 avril, le Président américain Joe Biden a eu un appel téléphonique, qualifié de tendu, avec le Premier Ministre Benjamin Netanyahou. En cause, la frappe israélienne ayant causé la mort de sept travailleurs humanitaires, dont un américain, le lundi 1er avril. Le chef de l’exécutif des Etats-Unis a exigé que l’Etat hébreu mette en place des mesures spécifiques, concrètes et tangibles pour répondre à la souffrance des civils, à la crise humanitaire, et pour garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.
L’armée israélienne a publié un rapport d’enquête interne, le vendredi 05 avril 2024. Dans celui-ci, Tsahal reconnait une grave erreur due à un sérieux dysfonctionnement. L’ONG américaine World Central Kitchen (WKC) a subit trois frappes sur un convoi humanitaire. Les soldats israéliens possédaient des soupçons sur le fait que ledit convoi transportait un homme du Hamas. WCK partagea les informations relatives à l’itinéraire du convoi avec Tsahal. Cependant, aucun ruissellement de l’information a eu lieu entre les commandants supérieurs et les officiers de terrain débouchant sur ces frappes. En conclusion, l’armée israélienne a annoncé deux officiers ont été démis de leurs fonctions et que trois hauts commandants avaient été réprimandés.
Une nouvelle frappe de Tsahal a visé des membres de la famille d’Ismaïl Haniyeh. En effet, le mercredi 10 avril 2024, trois fils, ainsi que quatre petits-enfants, du chef politique du Hamas ont péri du fait d’un missile tiré par un drone dans le camp d’Al-Shati à Gaza. Ismaïl Haniyeh est exilé, au Qatar, depuis 2017. En février 2024, il avait également perdu un fils, ainsi que son frère, un neveu et un petit-fils à l’automne.
Enfin, le vendredi 12 avril, la Maison-Blanche a déclaré qu’il existait une menace crédible, réelle et viable contre Israël des suites de la frappe contre le consulat iranien en Syrie. Washington a observé que l’Iran déplaçait des moyens militaires à l’intérieur même de ses frontières (par exemple des missiles de croisières). De plus, le Président Joe Biden a rappelé le soutien des Etats-Unis pour son allié du Moyen-Orient, notamment pour le défendre contre l’Iran. Malgré le fait que l’exécutif américain n’autorise plus les employés de l’administration américaine, ainsi que les membres de leurs familles, à sortir des zones de Tel-Aviv, Jérusalem et Beer-Sheva; Teheran a toutefois signalé qu’il ne souhaitait pas d’une escalade majeure.
Pour la première fois depuis la création de la République Islamique en 1979, l’Iran a lancé une attaque, en provenance direct de son sol, à l’encontre d’Israël. Dans la nuit du 13 au 14 avril, Téhéran lance l’opération « Promesse honnête ». Environ 330 engins, des missiles balistiques, de croisières ainsi que des drones, les fameux Shahed 136, sont tirés. Quelques éléments ont également été lancé à partir de l’Irak, de la Syrie et par les alliés régionaux de l’Iran : les Houthis du Yémen, sans oublier le Hezbollah libanais. L’Etat hébreu a réussi intercepté la majeure partie des tirs. Notamment grâce au Dôme de fer, et aidé par ses alliés : les Etats-Unis, le Royaume-Unis et la France (depuis la Jordanie). Le bilan humain fait état d’une enfant grièvement blessée, ainsi que d’infrastructures militaires endommagés (pour les rares missiles ayant traversé les défenses).
La mission iranienne à l’ONU déclare que « l’affaire peut-être considérée comme close ». Le Président de la République, Emmanuel Macron, « condamne avec la plus grande fermeté l’attaque sans précédent lancée par l’Iran contre Israël ». Tout en manifestant sa solidarité au peuple israélien, il appelle « à la retenue ». Le secrétaire générale de l’ONU, Antonio Gutteres annonce qu’il « condamne fermement la grave escalade que représente l’attaque à grande échelle lancée ce soir par la République islamique d’Iran contre Israël. J’appelle à une cessation immédiate de ces hostilités. »
La réaction d’Israël sera scrutée de près, alors la communauté internationale craint une escalade régionale.
Une loi de mobilisation en Ukraine.

L’Ukraine vit actuellement une période difficile dans sa guerre qui l’oppose à son voisin russe. L’aide occidentale devient plus rare, notamment parce que le vote d’une loi d’aide patine aux Etats-Unis. En février, la chambre des représentants, dirigé par le speaker républicain Mike Johnson, écarta une enveloppe d’aides, votée au Sénat, d’un montant de 95 milliards de dollars(qui devait être répartie entre l’Ukraine, Taiwan, et Israël). Ce dernier déclarant ne pas vouloir statuer sur le texte en l’état. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky déclarant, au cours d’une visioconférence de la plateforme United24 le dimanche 07 avril 2024, « si le Congrès n’aide pas l’Ukraine, l’Ukraine perdra la guerre ».
Kiev manque de munitions et de matériels, mais également de moyen humains. Une nouvelle loi de mobilisation a été adopté par le Parlement ukrainien, le jeudi 11 avril. Le principal point de controverse réside dans le retrait d’une clause : celle de la démobilisation des soldats après 36 mois qui provoque la colère des familles de militaires. A cela s’ajoute également le retrait de plusieurs incitations financières ou encore la possibilité pour les prisonniers d’aller combattre (exception faite aux personnes condamnées pour meurtre ou viol). Cette loi vient après un abaissement de l’âge auquel les ukrainiens peuvent être mobilisés (de 27 à 25 ans).
Ces difficultés structurelles coïncident avec une avancée russe dans l’est de l’Ukraine. Tout d’abord, et pour la seule journée de jeudi 11 avril, la Russie a lancé plus de 40 missiles et 40 drones dont la cible principale était les infrastructures énergétiques.
Violation de l'ambassade du Mexique en Equateur.

Le principal but de cet assaut concernant l’arrestation de Jorge Glas. Ce dernier fut vice-président de l’Equateur entre 2013 et 2018 (successivement sous les présidences de Rafael Correa et Lénin Moreno). Accusé d’avoir reçu des pots-de-vin atteignant 13,5 millions d’euros, il est condamné en décembre 2017 à six ans de prison, et en 2020 Jorge Glas est condamné à huit ans de prison. Après avoir purgé sa première peine, l’ancien vice-Président se réfugie au sein de l’Ambassade du Mexique, à Quito.
Le 05 avril 2024, la demande d’asile, qu’il avait préalablement soumis auprès des autorités mexicaines, lui est accordé. Le jour même, les forces de l’ordre d’Equateur pénètrent de force dans l’ambassade mexicaine et arrêtent l’ancien Vice-Président. L’article 22 de la Convention de Vienne de 1961 dispose que « les locaux de la mission sont inviolables. Il n’est pas permis aux agents de l’Etat accréditaire d’y pénétrer, sauf avec le consentement du chef de mission ».
En conséquence, le Mexique et le Nicaragua décident de rompre leurs relations diplomatiques avec l’Equateur. Antonio Guterres, le Secrétaire Générale de l’ONU, est « alarmé » par cet évènement. Il souhaite « réaffirmer le principe cardinal de l’inviolabilité des locaux et du personnel diplomatique et consulaire, en soulignant que ce principe doit être respecté dans tous les cas, conformément au droit internationale« . Le Mexique a saisi la Cour Internationale de Justice pour poursuivre l’Equateur avec le souhait que la Cour prononce son exclusion.
Accord pour la formation d'un conseil national de transition à Haïti.

Haïti est plongé dans le chaos depuis plusieurs années maintenant (et l’assassinat du Président Jovenel Moïse). Personne ne se trouve à la tête de l’exécutif, depuis le départ d’Ariel Henry le 11 mars 2024. Le déplacement de ce dernier, au Kenya pour négocier la mise sur pied d’envoie de troupes kényanes en Haïti, a aggravé la situation avec les gangs.
Toutefois, le vendredi 12 avril 2024, un conseil de transition a été mis en place. Composé de neuf membres, il doit choisir un nouveau Premier Ministre. Sept membres posséderont le droit de vote (issus du monde politique, du secteur privé et de la diaspora). Les deux derniers, de la société civile et du monde religieux, seront membres observateurs. L’ultimatum s’arrête au 7 février 2026.