De manière bimensuelle, le dimanche, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.
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ToggleAttentat d'ampleur à Moscou.

Alors que Vladimir Poutine venait de s’arroger un cinquième mandat, à l’issue d’une élection présidentielle où il a obtenu 87,47% des suffrages (pour une participation de 74%), la Russie a été attaqué, en son coeur, par un attentat.
Le vendredi 22 mars 2024, un commando, armés de fusils d’assaut et de bombes incendiaires, ont ouvert le feu sur des civils au Crocus City Hall, une grande salle de concert dans la banlieue de Moscou. Le toit du bâtiment s’est effondré suite à un incendie. Le bilan est excessivement lourd : 144 morts et 382 blessés (arrêté à la date du 29 mars dans l’après-midi). Quelques jours auparavant, les Etats-Unis avaient prévenu leurs homologues russes qu’un attentat djihadiste était possible.
Les dirigeants russes ont accusé, quasiment immédiatement, les autorités ukrainiennes d’être à l’origine de cette attaque meurtrière. L’ancien Président et actuel vice-Président du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev, annonça : « S’il est établi qu’il s’agit de terroristes du régime de Kiev, il est impossible de faire autrement : tous doivent être retrouvés et impitoyablement détruits en tant que terroristes, y compris les fonctionnaires de l’État qui a commis une telle atrocité ».
Toutefois, Kiev dément formellement toute collusion avec les commanditaires de cet attentat. Le conseiller de la Présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, déclare que son pays n’est pas impliqué dans cet attentat. Selon lui, « l’Ukraine n’a jamais utilisé de méthodes de guerre terroristes ».
L’Etat Islamique revendique cette attaque, le soir-même. L’organisation djihadiste avance que quatre membres ont mené une opération « »dans le contexte (…) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’islam » ». Cependant, Vladimir Poutine n’évoqua pas immédiatement cette piste. Dans sa première adresse à la nation, le 23 mars, le chef de l’Etat annonça l’arrestation des quatre suspects, ainsi que le fait qu’ils pourraient être liés à l’Ukraine. Selon lui, ils « se dirigeaient vers l’Ukraine où, selon des données préliminaires, une fenêtre avait été préparée pour qu’ils franchissent la frontière » (les assaillants, membres du commando, ont été arrêté le 23 mars, dans l’Oblast de Briansk, proche de la frontière ukrainienne).
Toutefois, le Président russe continue de mettre en avant que l’Ukraine fasse partie des cerveaux de cet évènement. Par le biais d’une nouvelle allocution télévisée, le 25 mars au soir, il confirme que l’attentat est l’oeuvre d’islamistes radicaux… liés à l’Ukraine : « Cette atrocité ne peut être que le maillon d’une série de tentatives menées par ceux qui depuis 2014 sont en guerre contre notre pays aux mains du régime néo-nazi de Kiev« .
Une commission d’enquête russe affirme que les quatre suspects ont reçu « importantes sommes d’argent et des cryptomonnaies en provenance d’Ukraine, qui ont été utilisées pour la préparation de ce crime ». Ces accusations sont qualifiées d’absurdes par les Etats-Unis, pour qui les dirigeants russes sont des « marchands de fumier« .
Les membres présumés du commando, originaires du Tadjikistan, ont été inculpé pour « terrorisme » et placés en détention provisoire jusqu’au 22 mai minimum (dans l’attente de la date du procès). Au total, les autorités russes ont annonce l’arrestation de 11 personnes (dont les quatre terroristes). Enfin, le 29 mars, le comité d’Etat pour la sécurité nationale du Tadjikistan a annoncé avoir arrêté 9 personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les suspects de l’attentat du Crocus City Hall.
Les réactions internationales apportent leur soutien au peuple russe. En premier lieu, la France, par le biais du Président de la République Emmanuel Macron, annonce que « La France condamne avec fermeté l’attaque terroriste revendiquée par l’État islamique à Moscou. Solidarité avec les familles des victimes, les blessés et le peuple russe ». Le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, déclare : « Nous exprimons notre solidarité avec le peuple russe qui pleure les pertes humaines après cet événement atroce ». Le Président chinois Xi Jinping, allié de Vladimir Poutine, « condamne vigoureusement l’attaque terroriste et soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour sauvegarder sa sécurité et sa stabilité nationales ».
Cessez-le-feu, au Conseil de sécurité des Nations-unies, contre Israël.

La question de la guerre entre Israël et le Hamas, commencé à la suite des attaques de ce dernier le 07 octobre, a fait l’objet de multiples. Plusieurs cessez-le-feu, au conseil de sécurité de l’ONU, ne sont pas passés car les Etats-Unis ont apposé leur veto en faveur de leurs alliés Israéliens.
Néanmoins, le 25 mars 2024, l’Algérie soumet une résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU laquelle « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du ramadan qui soit respecté par toutes les parties et mène à un cessez-le-feu durable, exige également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et la garantie d’un accès humanitaire pour répondre à leurs besoins médicaux et autres besoins humanitaires, et exige en outre des parties qu’elles respectent les obligations que leur impose le droit international à l’égard de toutes les personnes qu’elles détiennent ». La résolution est alors adoptée par le Conseil de sécurité. 14 pays ayant voté pour, alors que les Etats-Unis se sont abstenus.
L’administration Biden devenait de plus en plus critique à l’égard du Premier Ministre Benjamin Netanyahou. La manière dont ce dernier gère la guerre actuelle, et les risques de famine au sein de l’enclave palestienne, était de plus en plus contesté (le Président Biden opposa son véto à une intervention israélienne à Jafah). Le symbole, même si ce n’est pas un vote en la faveur de la résolution, demeure fort. Le Premier ministre israélien, en réaction, annula la visite d’une délégation israélienne qui devait avoir lieu au cours de la même semaine, à Washington (D.C.).
Victoire de l'opposition au Sénégal.

Après de multiples semaines d’incertitudes, le Sénégal a élu son Président. Une victoire, dès le premier tour, pour Bassirou Diomaye Faye avec 54,28% des voix (bilan provisoire au 27 mars 2024). Tout juste sorti de prison, il devance Amadou Ba, le candidat du pouvoir crédité de 35,79% des votes.
Adoubé par le très populaire Ousmane Sonko, M. Faye possède un parcours similaire à ce dernier : Ecole nationale d’administration du Sénégal, inspection des impôts, action syndicale et direction du parti PASTEF.
Le programme du nouveau Président sénégalais comporte comme orientations principales : la souveraineté (notamment alimentaire avec la réévaluation des accords de pêche), la lutte contre la corruption, l’abandon du franc CFA, ou bien encore la renégociation des contrats d’exploitations de mines et d’hydrocarbure.
Visite d'Etat d'Emmanuel Macron au Brésil.

Emmanuel Macron s’est rendu, après un passage en Guyane française, au Brésil pour une visite d’Etat. La première pour un chef d’Etat français depuis 2013 alors que les relations entre les deux Etats, notamment sous la Présidence de Jaïl Bolsonaro, ont été sources de tensions.
Les deux Présidents ont signé un programme d’investissement vert pour l’Amazonie. L’objectif étant de lever plus de 1 milliards d’euros d’investissements, publics et privés, afin de mettre en place une économie durable en Amazonie brésilienne et en Guyane française. Le principal symbole de cette signature réside dans son lieu d’adoption. En effet, la ville de Belém accueillera la COP 30 en novembre 2024.
De plus, tout en soulignant que la France est le premier employeur au Brésil, le Président français annonça sa volonté d’avoir une réforme de l’accord de libre échange UE-MERCOSUR (réunissant Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie). Durant un forum économique organisé à São Paulo, Emmanuel Macron a préféré « mettre les pieds dans le plat », déclarant que l’accord est mauvais pour les deux parties. Négocié il y a 20 ans, le chef d’Etat français le trouve obsolète et souhaite une modification prenant en compte des nouvelles conditions en matière de développement, de climat et de biodiversité.