Bull’ Géopo’ n° 17 : du 11 au 25 août 2024

De manière bimensuelle, Diplomatis vous propose son Bull’ Géopo, un bulletin synthétique regroupant les principales informations qui se sont déroulées au sein des relations internationales, durant les deux semaines qui viennent de s’écouler.

Char russe détruit, à l'extérieur de la ville de Souda, contrôlé par les ukrainiens, dans l'Oblast de Koursk, le 16 août 2024. (Yan Dobronosov / AFP)

Une fois la surprise passée, de la première incursion d’un Etat étranger sur le territoire russe depuis la Seconde Guerre Mondiale, Vladimir Poutine souhaite mettre ses forces en ordre de marche. Durant une réunion de sécurité, du lundi 12 août 2024, il promet « d’expulser » les soldats de Kiev.  

Le même jour, l’Ukraine annonce occuper plus de 1 000 km² de territoire russe. Dans leurs propos, les dirigeants ukrainiens affichent leur satisfaction. Le ministre de l’intérieur ukrainien, Igor Klymenko, annonce vouloir créer une zone tampon dans les territoires conquis. Le principal objectif de cette création serait la protection des populations ukrainiennes proche de la frontière.

Le jeudi 15 août, le général Oleksandr Syrsky, commandant en chef de l’armée ukrainienne depuis le 08 février 2024, annonce des chiffres marquant une avancée continue de l’offensive menée par Kiev. Dans les faits, l’Ukraine aurait avancé de 35 kilomètres en profondeurs pour une superficie de 1 150 km²

Au 25 août, la Russie aurait, selon des blogueurs militaires russes, regagné des positions dans l’oblast de Koursk. Avec, par ailleurs, la libération de conscrits russes par le régiment tchétchène d’Akhmat. De plus, la Russie re-déploie des forces, de secteurs non-prioritaires du front, vers l’Oblast de Koursk (notamment le 52e Régiment de Troupes aéroportées de la Fédération de Russie). De plus, l’armée Russe a également redéployé des avions pour éviter toute atteinte, par Kiev, à l’aide de frappes à longue portée (type ATACMS). L’Ukraine, avec ces territoires occupés, pourrait  arriver dans une posture différente à d’éventuelles négociations de paix.   

Adoubement de Kamala Harris, pour l'élection présidentielle, à la convention démocrate.

La Vice-Présidente des Etats-Unis, et candidate à l'élection présidentielle de 2024, Kamala Harris, au deuxième jour de la Convention démocrate. (Mahka Eslami/Middle East Images via AFP via Getty Images)

Kamala Harris a accepté, le jeudi 22 août 2024, l’investiture du parti démocrate. Dans son discours de trente-cinq minutes, où la vice-présidente américaine promet de « tracer un nouveau chemin » pour le pays et qu’elle souhaite « dépasser l’amertume, le cynisme et les batailles »; elle présenta également sa positions sur les question internationales. Comme, par exemple, la poursuite de l’aide à l’Ukraine ou sa volonté de soulager la souffrance des palestiniens à Gaza  (sans refuser à Israël le droit de se défendre). L’ancienne procureure de Californie clôture une convention marquée par plusieurs éléments.

L’évènement le plus chargé en émotion étant le discours de Joe Biden, précédé d’une ovation de près de quatre minutes. Ceci marquant le clap de fin d’une carrière longue de 51 ans (il siège pour la première fois au Sénat en 1973). Bill Clinton, 42e Président des Etats-Unis, a notamment salué le courage de Joe Biden qui a « fait quelque chose de vraiment difficile pour un politicien : il a volontairement renoncé au pouvoir politique« . D’autres personnalités sont venus louer les qualités de leur future candidate. Au-delà de Jill Biden, Bill et Hillary Clinton, Alexandra Ocasio-Cortez, Nancy Pelosi,  le couple Obama est venu apporter un soutien prononcé à Kamala Harris. Cette dernière ayant été l’un des premiers soutiens à Barack Obama, pour l’élection présidentielle de 2008, s’est vu gratifiée d’un « Yes, she can ! » par le 44e Président des Etats-Unis (redite de son slogan de campagne « Yes, We can » lors de sa première élection).  

Ce fut une occasion, également, pour le colistier choisi pour accompagner Kamala Harris au poste de Vice-Président. Tim Waltz, gouverneur du Minnesota, a entamé un discours d’un quart d’heure, où il s’est présenté au peuple américain, filant diverses métaphores sportives (en lien avec son expérience en tant qu’entraineur de football américain). Sans oublier, au passage, d’attaquer le duo Donald Trump – JD Vance sur le controversé « Project 2025 » du think-tank « Heritage Foundation ». Un ensemble de 900 propositions politiques conservatrices qui ne fait pas l’unanimité, jusqu’à forcer Donald Trump à prendre ses distances avec celui-ci en le désavouant. Tim Waltz déclare, à ce sujet : « J’ai été entraîneur de football au lycée assez longtemps, et je vous promets ceci : lorsque quelqu’un prend le temps de rédiger un manuel de jeu, il va l’utiliser »

Quelques jours avant le début de la convention démocrate, Kamala Harris a présenté son programme économique, notamment en souhaitant accorder des allégements fiscaux à plus de 100 millions d’américains de la classe moyenne et à faibles revenus. Un programme aussitôt qualifié de « communiste » par son adversaire républicain, pour l’élection présidentielle de novembre 2024, Donald Trump.

Tergiversation, entre Israël et le Hamas, autours d'un cessez-le-feu. Attaque du Hezbollah contre Israël.

Interception par le système "Dôme de fer", au nord d'Israël, de roquettes tirées par le Hezbollah, le 23 août 2024. (Jalaa Marey/AFP)

Les ripostes de l’Iran et du Hezbollah sont attendues, depuis le double assassinat de Ismaïl Haniyeh et Fouad Chokr. Une remontée de la tension régionale, alors que diverses acteurs internationaux s’activent afin de trouver un terrain d’entente, entre le Hamas et Israël, pour un cessez-le-feu. 

Pour le Président américain Joe Biden, si un accord est trouvé autours d’un cessez-le-feu, cela pourrait dissuader l’Iran d’effectuer de quelconques représailles. Néanmoins, le cycle de négociation, qui s’est ouvert pendant cette quinzaine, est laborieux. Cela commença avec une politique de la chaise vide menée par le Hamas, refusant d’envoyer des émissaires à Doha, lieu des négociations.

Alors que plusieurs palestiniens ont été tué, dans une attaque en Cisjordanie le 15 août 2024, la France condamne cette attaque. Le lendemain, le Hamas a rejeté les propositions des médiateurs américain, qatari et égyptien. La situation inextricable poussa Anthony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, à rejoindre le Moyen-Orient. En effet, le neuvième voyage d’Anthony Blinken, depuis le début de la guerre, débute le 18 août 2024. Cette situation reste figée notamment pour une double raison. La première étant que le rejet du Hamas se fonde sur la volonté, du groupe palestinien, de revenir à l’application du plan annoncé par Joe Biden, le 31 mai : trêve d’une durée de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densement peuplées de Gaza et la libération des otages du 07 octobre 2023

La seconde étant que le Hamas rejette les nouvelles conditions israéliennes, ainsi que tout possible « diktat américain ».  Les nouvelles conditions israéliennes étant de maintenir une présence militaire le long du corridor entre l’Egypte et Gaza ainsi qu’un droit de véto sur les prisonniers palestiniens pouvant faire l’objet d’un échange avec les otages israéliens

Toutefois, le chef du gouvernement israélien a accepté un plan américain de paix, le lundi 19 août (sur la base d’une déclaration d’Anthony Blinken). Deux jours plus tard, le 21 août, le Président américain Joe Biden, accompagné de sa vice-présidente Kamala Harris, presse le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou à trouver un accord pour un cessez-le-feu et la libération des otages. Malgré l’intransigeance du chef de gouvernement israélien, sur les conditions avancées plus haut, les chefs du Mossad et du Shin Bet se sont rendus au Caire pour de nouvelles discussions en perspective de la libération des otages (respectivement les services de renseignement extérieur et intérieur israéliens).

Pendant ces négociations, le Hezbollah, le mouvement chiite libanais, mena une attaque à l’encontre de l’Etat hébreu, le 25 août à l’aube afin de venger l’assassinat de son commandant Fouad Chokr, dont cette attaque constitue la première phase. Le Hezbollah, par le biais de son chef Hassan Nasrallah avance avoir visé, en particulier, une base du renseignement israélien : la base de Glilot. Selon ses dires, plus de 320 roquettes ont été tiré. L’attaque ayant mis à contribution le « Dôme de fer » qui est le système de protection de l’Etat hébreu, notamment mis en oeuvre durant la première attaque directe de l’Iran en Avril dernier. Le porte-parole de l’armée israélienne a annoncé que la base n’a pas été touché. 

Entre l’annonce du fait qu’il s’agissait que d’une première phase, de la part du Hezbollah, et que Benjamin Nétanyahou avance qu’Israël n’a pas dit son dernier mot (l’Etat hébreu avait mené une série de frappe préventive sur le Liban sud); il est à craindre que la situation puisse s’aggraver. Même si, l’Iran reste frileuse à l’idée d’entrer dans une guerre ouverte avec Israël, tandis que ce dernier, et le Hezbollah, n’ont aucun intérêt à rentrer également dans un conflit direct (avec combats au sol).

L’attaque du Hamas, du 07 octobre 2023, provoqua la mort de 1 198 personnes côté israélien (majoritairement civils). L’offensive israélienne à Gaza, sur la base des chiffres avancés par le Ministère de la Santé du Hamas, aurait provoqué la mort de 40 099 personnes

Interdiction d'entrée, pour le rapporteur spécial de l'ONU, en Afghanistan.

Richard Bennett, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, à l'occasion d’une conférence de presse au siège des Nations unies, à Genève, le 1ᵉʳ mars 2024. (JEAN MARC FERRÉ / MAXPPP)

Depuis le départ chaotique des troupes occidentales, avec le décollage du dernier avion américain à la date du 30 août 2021, le régime taliban est revenu au pouvoir à l’issu d’une guerre de deux décennies. La reprise en main talibane entreprend une vision rigoriste de la politique intérieure afghane, avec un rejet systématique des critiques internationales sur l’évolution des conditions de vie de la population (en particulier des femmes). 

C’est dans ce sens que le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains s’est vu refuser l’entrée en Afghanistan, le 21 août 2024. Richard Bennett, par l’entremise d’un communiqué, déclare : « L’annonce publique par les talibans qu’ils ne me laisseront plus entrer en Afghanistan constitue un pas en arrière et envoie un signal préoccupant sur leur engagement auprès des Nations unies et de la communauté internationale en matière de droits de l’Homme ».